Mot.PasSant

" Parlez d'amour, car tout le reste est crime " Louis Aragon

Vendredi 28 août 2009 à 15:15

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A voix lasse

 Un soir d’été, sous la vigne menue
Je veillais de loin, comme si de rien
N’était. Le jour s’éteint
Dans nos étreintes nues.
Le sommeil  tue jusqu’à l’aurore.
J’ai beau t’aimer, tu dors.
Un instant, beau guerrier, j’ai vu un air amer
Passer sur ton front pâli,
Tu affrontais des rêves pleins de chimères
Et de monstres assoupis.
Je te regarde dormir, il est tard encor
Tu n’es pas si fort quand tu dors.
L’aube est loin, mon amour ! La chaleur du jour
Viendra. Mais la nuit blême se fait sauvage,
Tu luttes avec rage.
Le noir laisse tomber son bras lourd :
L’on te déchire, l’on te tue,
Tu luttes, tu luttes, tu luttes toujours !
Et puis la nuit s’allonge ; à quoi rêves-tu ?
A la vie idéale qui couronne ta tête
De baisers, de roses, de vierges en fête ?
Puis, le réconfort des heures glacées :
L’aube est là. Les bras attendris du matin
T’entourent comme les miens.
Toi ? Tu te réveilles comme si de rien
N’était. Tu demeures le plus aimé.
Je pleure à voix basse, je t’aime à voix lasse.

Lundi 24 août 2009 à 18:17

J’ai demandé au monde de s’arrêter
J’ai cassé la marche de l’univers
Entier. Je veux t’aimer en vers:
Nous irons voir, comme des amants perdus
Ces fantômes de Paros qui t’avaient tant plu,
Cette curieuse jetée aux pierres nues
Où les grands lauriers roses ne fleurissent plus.
Viens. Nous rallumerons au ciel brûlé
Les yeux clos et les sourires amoureux ;
Nous rallumerons le monde en creux.
De tes mains mal fermées couleront
De lourdes grappes de raisin blond
-Et toi ?-, tu riras, comme toujours,
De la violence de mon amour,
Et de la jeunesse des saisons !
Mais, tu le sais :
C’est ton visage éclairé- juste un peu !-
Par les étoiles brunes et bleues
Et tes yeux dans ma nuque comme un souffle chaud
Qui rendent tout plus beau.
Viens. Le monde tourne et tourne encore !
L’univers, à l’envers, marche à la mort ;
Je n’ai rien pu changer, je n’ai rien arrêté,
Pas même le temps, le temps d’aimer.



Ce poème est pour celui que j'aime. Nous dirons, puisqu'on est entre nous =),
que la pseudo-métrique pour le moins "libre" que j'adopte ici mime les mouvements désordonnés du coeur...
Non, en fait c'est le bazar, mais j'aime bien tout de même.
Et puis surtout, je l'aime!

Lundi 24 août 2009 à 18:05

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Reste. N'allume pas la lampe...

Reste. N'allume pas la lampe. Que nos yeux
S'emplissent pour longtemps de ténèbres, et laisse
Tes bruns cheveux verser la pesante mollesse
De leurs ondes sur nos baisers silencieux.

Nous sommes las autant l'un que l'autre. Les cieux
Pleins de soleil nous ont trompés. Le jour nous blesse.
Voluptueusement berçons notre faiblesse
Dans l'océan du soir morne et délicieux.

Lente extase, houleux sommeil exempt de songe,
Le flux funèbre roule et déroule et prolonge
Tes cheveux où mon front se pâme enseveli...

Ô calme soir, qui hais la vie et lui résistes,
Quel long fleuve de paix léthargique et d'oubli
Coule dans les cheveux profonds des brunes tristes.

Catulle Mendès

Lundi 17 août 2009 à 12:49


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A l'éternel madame

Mannequin idéal, tête-de-turc du leurre,
Eternel Féminin ! ... repasse tes fichus ;
Et viens sur mes genoux, quand je marquerai l'heure,
Me montrer comme on fait chez vous, anges déchus.

Sois pire, et fais pour nous la joie à la malheure,
Piaffe d'un pied léger dans les sentiers ardus.
Damne-toi, pure idole ! et ris ! et chante ! et pleure,
Amante ! Et meurs d'amour !... à nos moments perdus.

Fille de marbre ! en rut ! sois folâtre !... et pensive.
Maîtresse, chair de moi ! fais-toi vierge et lascive...
Féroce, sainte, et bête, en me cherchant un coeur...

Sois femelle de l'homme, et sers de Muse, ô femme,
Quand le poète brame en Ame, en Lame, en Flamme !
Puis - quand il ronflera - viens baiser ton vainqueur !

Tristan Corbière

Lundi 17 août 2009 à 12:47

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La fidèle

Si j'étais la plus belle
Comme la plus fidèle,
Je le serais pour toi !
Si j'étais souveraine,
Le roi de cette reine,
Tu le serais par moi !

S'il te prenait l'envie
De demander ma vie
Pour te faire un beau jour,
Cette vie ignorée,
À l'amour consacrée,
Tu l'aurais, mon amour !

Et si tu disais : " Donne
Beauté, vie et couronne,
Pour orner celle-là,
Cette seule que j'aime... "
À cet autre toi-même,
Je dirais : " Les voilà. "

Car s'il est doux de vivre
Pour s'attendre ou se suivre
Dans le même désir,
Pour une âme enflammée,
Vainement consumée,
Il est mieux de mourir.

Marceline Desbordes-Valmore

Lundi 17 août 2009 à 12:43

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Le cadeau de tous les dieux,
Splendide calamité;
Qui vide avec ses yeux,
Sa bouche radieuse,
La boîte des coeurs pillés.

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