Mot.PasSant - " Parlez d'amour, car tout le reste est crime " Louis Aragonhttp://mot.passant.cowblog.fr"Et comme je lui répondais que j'aimais une mortelle, boudeuse et dépitée, elle pleura quelques larmes, poussa un éclat de rire, et s'évanouit en giboulées qui ruisse- lèrent blanches le long de mes vitraux bleus." Aloysius Bertrand, "Ondine"CowblogfrFri, 13 Apr 2012 00:09:14 +0200180http://mot.passant.cowblog.fr/ma-guerre-3179103.htmlMa guerrehttp://mot.passant.cowblog.fr/images/97820801142735.jpg




"
En vain passera ma jeunesse,
Toujours l'importune tristesse
Gonflera mon coeur oppressé."

-Nerval, "Stances"



J’ai pris l’habitude ces derniers jours
D’enserrer de mes mains ta taille fine
Comme une jeune fille
Que rien n’arrête
Rien que sa jeunesse
Au sourire fleuri comme une figue épanouie,
Cercle magique !

Comme je comprends ces gens
Si peu nombreux, si vieux
Partout et toujours
Cerclés de bleu
Ces vieilles personnes aux yeux grands
Comme le monde d’hier
Qui ont le mal d’avant.
Ces gens qui ont au fond de leur jeunesse
La sérénité solennelle d’un destin déjà connu :
Leurs amours étaient puissantes
Comme deux guerres ensemble
Comme des combats antiques
Aux des yeux plein de larmes à défendre.


Mon cher Amour,
Je te confie ce visage qui n’est plus le mien
Je suis la guerrière sans cause
Meurtrière inconnue
Qui t’écrit sans combat :
Je veux mourir pour toi
(Sans révolte ! Sans gloire !
Comme nous mourrons tous)
Je vais mourir
De n’être pas ton sang même

C’est à peine si j’écume
Dans la joie d'être à toi..
.

Elsa


 



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http://mot.passant.cowblog.fr/commentaires-3179103.htmlFri, 13 Apr 2012 00:09:00 +0200http://mot.passant.cowblog.fr/ma-guerre-3179103.html
http://mot.passant.cowblog.fr/la-blessure-de-platon-3169278.htmlLa blessure de PlatonJ'ai tendu un cou long comme l'oiseau bleu
Je l'aimais et je l'ai mordu

Du sang plein ma bouche ouverte comme une fracture
L'os blanc de ton crâne blanc comme la lune

Soudain

Tu as vu ce que contient le vieux coeur que j'habite
L'odieuse cave romantique
Je tuerai avant que tu ne comprennes
L'antique déchirure de l'âme désunie


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http://mot.passant.cowblog.fr/commentaires-3169278.htmlMon, 20 Feb 2012 23:44:00 +0100http://mot.passant.cowblog.fr/la-blessure-de-platon-3169278.html
http://mot.passant.cowblog.fr/before-you-take-my-heart-reconsider-3158319.htmlBefore you take my heart, reconsider.

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« Je n'avais vécu que par cette femme ; douter d'elle, c'était douter de tout ; la maudire, tout renier ; la perdre, tout détruire. »
- Alfred de Musset,
La Confession d'un enfant du siècle






Je me disais : il ne me fera pas de mal.

Je serai en sécurité, on dirait qu'il est fait pour aimer. Comme les poètes amoureux, il dira qu'il m'aime comme un héros ou comme un dieu nocturne. Peu importe ! Je veux - au creux de son cou nu - l'inconscience qui ne connait pas le souvenir et l'abdication sans cicatrice !
Je me disais : maintenant mon coeur s'endort, couvert de givre ; il ne bat déjà plus... Il me donnera l'espace pour renaître, plus grande et plus belle !
Il ne me fera pas de mal. On s'aimera comme on s'aime ; c'était comme la fin d'un très mauvais roman sans âme. Il était là, et tout irait bien parce qu'il avait les yeux clairs comme l'avenir. Un pur ciel d'hiver aux nuages bruns lourds de lumière.
Il a pris mon coeur et il ne connaissait pas l'amour. J'ai vraiment cru que nos corps se loveraient, aveugles et sans déchirure, dans la trame éternelle de ces gens heureux qui n'ont pas d'histoire - mais qui ont les mêmes rêves.
C'était la fin de l'errance, le temps des beaux jours.


Mourir entre ses mains, sans qu'il ne connaisse mon visage.
Voiler de ses sourires las mes imperfections.
Danser pour lui
Danser toujours ...

Je ne savais pas alors qu'on aime jamais sans enrager d'angoisse.


Image : Ryohei Hase
 

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http://mot.passant.cowblog.fr/commentaires-3158319.htmlWed, 21 Dec 2011 22:50:00 +0100http://mot.passant.cowblog.fr/before-you-take-my-heart-reconsider-3158319.html
http://mot.passant.cowblog.fr/l-amour-du-mensonge-3150109.htmlL'amour du mensonge
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L'amour du mensonge

Quand je te vois passer, ô ma chère indolente,
Au chant des instruments qui se brise au plafond
Suspendant ton allure harmonieuse et lente,
Et promenant l'ennui de ton regard profond ;

Quand je contemple, aux feux du gaz qui le colore,
Ton front pâle, embelli par un morbide attrait,
Où les torches du soir allument une aurore,
Et tes yeux attirants comme ceux d'un portrait,

Je me dis : Qu'elle est belle ! et bizarrement fraîche !
Le souvenir massif, royale et lourde tour,
La couronne, et son coeur, meurtri comme une pêche,
Est mûr, comme son corps, pour le savant amour.

Es-tu le fruit d'automne aux saveurs souveraines ?
Es-tu vase funèbre attendant quelques pleurs,
Parfum qui fait rêver aux oasis lointaines,
Oreiller caressant, ou corbeille de fleurs ?

Je sais qu'il est des yeux, des plus mélancoliques
Qui ne recèlent point de secrets précieux ;
Beaux écrins sans joyaux, médaillons sans reliques,
Plus vides, plus profonds que vous-mêmes, ô Cieux !

Mais ne suffit-il pas que tu sois l'apparence,
Pour réjouir un coeur qui fuit la vérité ?
Qu'importe ta bêtise ou ton indifférence ?
Masque ou décor, salut ! J'adore ta beauté.

Charles Baudelaire

Ces beaux vers sont ma vie, à peu de splendeurs près.


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http://mot.passant.cowblog.fr/commentaires-3150109.htmlThu, 10 Nov 2011 19:24:00 +0100http://mot.passant.cowblog.fr/l-amour-du-mensonge-3150109.html
http://mot.passant.cowblog.fr/killing-me-softly-3138361.htmlKilling me softly 

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul Verlaine, Poèmes Saturniens


Le plus cruel, dans un amour que l'on sent faible, c'est bien la concience de n'être l'avenir de personne. N'être ni chair ni âme, n'avoir que le sentiment de devenir le spectre docile de ses propres illusions, n'appartenir qu'à une vie sans teinte. Vieillir sans éternité, voir ruisseler de ses mains blêmes le néant sourd des passions oubliées.
 

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http://mot.passant.cowblog.fr/commentaires-3138361.htmlSun, 18 Sep 2011 21:41:00 +0200http://mot.passant.cowblog.fr/killing-me-softly-3138361.html
http://mot.passant.cowblog.fr/nocturne-des-ombres-3127892.htmlNocturne des ombres
http://mot.passant.cowblog.fr/images/oceangreenbysugarock99d3dngxs.jpg



Ah ! si je ressemblais à ces hommes de pierre
Qui, cherchant l'ombre amie et fuyant la lumière,
Ont trouvé dans le vice un facile plaisir !...
Ceux-là vivent heureux !... Mais celui qui dans l'âme
Garde quelque lueur d'une plus noble flamme,
Celui-là doit mourir.

A. De Musset, "Stances"


Je me souviens d'un baiser;

 

c'était au plus lourd de la nuit; endormi sans une larme amère, il respire à peine tant son sommeil est profond. Ses mains sereines sont fermées dans ma paume, allumant de leur pâleur silencieuse la voûte songeuse qui nous protège. Renversés au ciel, inversé soudain, arrachant le voile nocturne de nos bras immenses ! Les soupirs abandonnés s'élèvent, rejoignent le filet lumineux dans un langoureux vertige. 

Nous étions nus mais couverts d'étoiles.


  Qu'elle était belle cette nuit ouverte
Comme une large blessure que traverse
Le sourd envol des nymphes blondes


 



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http://mot.passant.cowblog.fr/commentaires-3127892.htmlWed, 03 Aug 2011 09:53:00 +0200http://mot.passant.cowblog.fr/nocturne-des-ombres-3127892.html
http://mot.passant.cowblog.fr/et-la-mer-et-l-amour-3127527.htmlEt la mer et l'amour 
http://mot.passant.cowblog.fr/images/theothersidebysugarock99d3lhezr.jpg

 
 

Mon amante a les vertus de l'eau



Mon amante a les vertus de l'eau : un sourire clair, des gestes
coulants, une voix pure et chantant goutte à goutte.

Et quand parfois, malgré moi - du feu passe dans mon regard,]
elle sait comment on l'attise en frémissant : eau jetée sur les
charbons rouges.

*

Mon eau vive, la voici répandue, toute, sur la terre ! Elle glisse,]
elle me fuit ; - et j'ai soif, et je cours après elle.

De mes mains je fais une coupe. De mes deux mains je l'étanche]
avec ivresse, je l'étreins, je la porte à mes lèvres :

Et j'avale une poignée de boue.


Victor Segalen

 


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http://mot.passant.cowblog.fr/commentaires-3127527.htmlTue, 02 Aug 2011 19:04:00 +0200http://mot.passant.cowblog.fr/et-la-mer-et-l-amour-3127527.html
http://mot.passant.cowblog.fr/la-chair-demeure-3120288.htmlLa chair demeure
 
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Toute charogne se souvient
De chaque caresse envolée
   Dans la mémoire où la chair demeure vive.


 


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http://mot.passant.cowblog.fr/commentaires-3120288.htmlMon, 04 Jul 2011 13:27:00 +0200http://mot.passant.cowblog.fr/la-chair-demeure-3120288.html
http://mot.passant.cowblog.fr/l-homme-sans-charite-3119632.htmlL'homme sans charité
http://mot.passant.cowblog.fr/images/arttete-copie-2.jpg 
 

 [ " C'est moi, les orgues de l'univers !" ]

L-F Céline

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http://mot.passant.cowblog.fr/commentaires-3119632.htmlThu, 30 Jun 2011 21:39:00 +0200http://mot.passant.cowblog.fr/l-homme-sans-charite-3119632.html
http://mot.passant.cowblog.fr/mon-amant-3112955.htmlMon amant
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Il n’est pas beau. Je ne sais même pas s’il est vivant.

Il n’a rien de cette beauté des princes, invincible, blanche, brusque comme un coup de glaive qui foudroie. Ces hommes sûrs qui vous ravissent à vous-même, leur rage qui flambe d’ardeur toute mâle, aveugles, amoureux d’instinct. Il n’a pas de sang. Il passe dans la vie, fluide, solitaire et humble, léger comme un petit Amour défiguré sans un sanglot - l’arc brisé -, des pleurs comme des ombres sur son long visage… Quand tous les autres écrasent, déliés, indifférents, heureux de leur jeunesse et fiers de leur beauté, qui gonflent leurs chairs lumineuses comme un grand flot ! bêtes d’amour ! Lui est laid, et tout le blesse : alors il se cache. Le monde l’enterre dans sa danse ; toujours invisible pour celles qui n’ont pas souffert et qui n’ont pas aimé, mais qui dansent aussi, puis arrachent la tête de l’amant. Il n’a jamais été enfant : on ne peut pas le tuer. Il est seul et connait les dieux. Pleins de rêve, ses grands yeux s’allongent ; un œil surtout, celui qui s’entrouvre lorsque je dors. Ciel mobile et méconnu, lourd de songes en cavale, creusés d’angoisse ! Les ombres s’y étirent et se voilent, et laissent à ses sourires d’insondables cicatrices, pâles comme des larmes. Tout chez lui est mince et sensuel, nerveux et souple, pour qui adore les ivresses savantes, pour qui sait attendre et regarder. Alors, il éclot et devient solaire ! follement ombrageux ! Il ne pardonne pas l’amour. Il se déroule et mord comme un chat amaigri, une couleuvre tranquille, ironique animal qu’il faut aimer, et qui n’aimera jamais. 

 

Personne ne sait ses extases, ses transes : il n’est pas beau, mais il est grand. Je sommeille à ses pieds, vaincue; amoureuse inutile de tous ses gestes fatigués, de ses paroles confuses de sacrifié, de ses plaies longues comme des sourires de vierges. J’attends qu’il se laisse traquer.     

  Je ne demandais à ses silences que la sécurité de l’amour vrai. 
 

 

Ses pas inconnus marqueront à jamais ce monde en joie.  

 
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http://mot.passant.cowblog.fr/commentaires-3112955.htmlFri, 03 Jun 2011 20:00:00 +0200http://mot.passant.cowblog.fr/mon-amant-3112955.html