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" Parlez d'amour, car tout le reste est crime " Louis Aragon

Vendredi 13 avril 2012 à 0:09

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"
En vain passera ma jeunesse,
Toujours l'importune tristesse
Gonflera mon coeur oppressé."

-Nerval, "Stances"



J’ai pris l’habitude ces derniers jours
D’enserrer de mes mains ta taille fine
Comme une jeune fille
Que rien n’arrête
Rien que sa jeunesse
Au sourire fleuri comme une figue épanouie,
Cercle magique !

Comme je comprends ces gens
Si peu nombreux, si vieux
Partout et toujours
Cerclés de bleu
Ces vieilles personnes aux yeux grands
Comme le monde d’hier
Qui ont le mal d’avant.
Ces gens qui ont au fond de leur jeunesse
La sérénité solennelle d’un destin déjà connu :
Leurs amours étaient puissantes
Comme deux guerres ensemble
Comme des combats antiques
Aux des yeux plein de larmes à défendre.


Mon cher Amour,
Je te confie ce visage qui n’est plus le mien
Je suis la guerrière sans cause
Meurtrière inconnue
Qui t’écrit sans combat :
Je veux mourir pour toi
(Sans révolte ! Sans gloire !
Comme nous mourrons tous)
Je vais mourir
De n’être pas ton sang même

C’est à peine si j’écume
Dans la joie d'être à toi..
.

Elsa


 



Lundi 20 février 2012 à 23:44

J'ai tendu un cou long comme l'oiseau bleu
Je l'aimais et je l'ai mordu

Du sang plein ma bouche ouverte comme une fracture
L'os blanc de ton crâne blanc comme la lune

Soudain

Tu as vu ce que contient le vieux coeur que j'habite
L'odieuse cave romantique
Je tuerai avant que tu ne comprennes
L'antique déchirure de l'âme désunie


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Mercredi 21 décembre 2011 à 22:50



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« Je n'avais vécu que par cette femme ; douter d'elle, c'était douter de tout ; la maudire, tout renier ; la perdre, tout détruire. »
- Alfred de Musset,
La Confession d'un enfant du siècle






Je me disais : il ne me fera pas de mal.

Je serai en sécurité, on dirait qu'il est fait pour aimer. Comme les poètes amoureux, il dira qu'il m'aime comme un héros ou comme un dieu nocturne. Peu importe ! Je veux - au creux de son cou nu - l'inconscience qui ne connait pas le souvenir et l'abdication sans cicatrice !
Je me disais : maintenant mon coeur s'endort, couvert de givre ; il ne bat déjà plus... Il me donnera l'espace pour renaître, plus grande et plus belle !
Il ne me fera pas de mal. On s'aimera comme on s'aime ; c'était comme la fin d'un très mauvais roman sans âme. Il était là, et tout irait bien parce qu'il avait les yeux clairs comme l'avenir. Un pur ciel d'hiver aux nuages bruns lourds de lumière.
Il a pris mon coeur et il ne connaissait pas l'amour. J'ai vraiment cru que nos corps se loveraient, aveugles et sans déchirure, dans la trame éternelle de ces gens heureux qui n'ont pas d'histoire - mais qui ont les mêmes rêves.
C'était la fin de l'errance, le temps des beaux jours.


Mourir entre ses mains, sans qu'il ne connaisse mon visage.
Voiler de ses sourires las mes imperfections.
Danser pour lui
Danser toujours ...

Je ne savais pas alors qu'on aime jamais sans enrager d'angoisse.


Image : Ryohei Hase
 

Jeudi 10 novembre 2011 à 19:24


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L'amour du mensonge

Quand je te vois passer, ô ma chère indolente,
Au chant des instruments qui se brise au plafond
Suspendant ton allure harmonieuse et lente,
Et promenant l'ennui de ton regard profond ;

Quand je contemple, aux feux du gaz qui le colore,
Ton front pâle, embelli par un morbide attrait,
Où les torches du soir allument une aurore,
Et tes yeux attirants comme ceux d'un portrait,

Je me dis : Qu'elle est belle ! et bizarrement fraîche !
Le souvenir massif, royale et lourde tour,
La couronne, et son coeur, meurtri comme une pêche,
Est mûr, comme son corps, pour le savant amour.

Es-tu le fruit d'automne aux saveurs souveraines ?
Es-tu vase funèbre attendant quelques pleurs,
Parfum qui fait rêver aux oasis lointaines,
Oreiller caressant, ou corbeille de fleurs ?

Je sais qu'il est des yeux, des plus mélancoliques
Qui ne recèlent point de secrets précieux ;
Beaux écrins sans joyaux, médaillons sans reliques,
Plus vides, plus profonds que vous-mêmes, ô Cieux !

Mais ne suffit-il pas que tu sois l'apparence,
Pour réjouir un coeur qui fuit la vérité ?
Qu'importe ta bêtise ou ton indifférence ?
Masque ou décor, salut ! J'adore ta beauté.

Charles Baudelaire

Ces beaux vers sont ma vie, à peu de splendeurs près.


Dimanche 18 septembre 2011 à 21:41

 

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul Verlaine, Poèmes Saturniens


Le plus cruel, dans un amour que l'on sent faible, c'est bien la concience de n'être l'avenir de personne. N'être ni chair ni âme, n'avoir que le sentiment de devenir le spectre docile de ses propres illusions, n'appartenir qu'à une vie sans teinte. Vieillir sans éternité, voir ruisseler de ses mains blêmes le néant sourd des passions oubliées.
 

Mercredi 3 août 2011 à 9:53


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Ah ! si je ressemblais à ces hommes de pierre
Qui, cherchant l'ombre amie et fuyant la lumière,
Ont trouvé dans le vice un facile plaisir !...
Ceux-là vivent heureux !... Mais celui qui dans l'âme
Garde quelque lueur d'une plus noble flamme,
Celui-là doit mourir.

A. De Musset, "Stances"


Je me souviens d'un baiser;

 

c'était au plus lourd de la nuit; endormi sans une larme amère, il respire à peine tant son sommeil est profond. Ses mains sereines sont fermées dans ma paume, allumant de leur pâleur silencieuse la voûte songeuse qui nous protège. Renversés au ciel, inversé soudain, arrachant le voile nocturne de nos bras immenses ! Les soupirs abandonnés s'élèvent, rejoignent le filet lumineux dans un langoureux vertige. 

Nous étions nus mais couverts d'étoiles.


  Qu'elle était belle cette nuit ouverte
Comme une large blessure que traverse
Le sourd envol des nymphes blondes


 



Mardi 2 août 2011 à 19:04

 
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Mon amante a les vertus de l'eau



Mon amante a les vertus de l'eau : un sourire clair, des gestes
coulants, une voix pure et chantant goutte à goutte.

Et quand parfois, malgré moi - du feu passe dans mon regard,]
elle sait comment on l'attise en frémissant : eau jetée sur les
charbons rouges.

*

Mon eau vive, la voici répandue, toute, sur la terre ! Elle glisse,]
elle me fuit ; - et j'ai soif, et je cours après elle.

De mes mains je fais une coupe. De mes deux mains je l'étanche]
avec ivresse, je l'étreins, je la porte à mes lèvres :

Et j'avale une poignée de boue.


Victor Segalen

 


Lundi 4 juillet 2011 à 13:27


 
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Toute charogne se souvient
De chaque caresse envolée
   Dans la mémoire où la chair demeure vive.


 


Jeudi 30 juin 2011 à 21:39


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 [ " C'est moi, les orgues de l'univers !" ]

L-F Céline

Vendredi 3 juin 2011 à 20:00



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Il n’est pas beau. Je ne sais même pas s’il est vivant.

Il n’a rien de cette beauté des princes, invincible, blanche, brusque comme un coup de glaive qui foudroie. Ces hommes sûrs qui vous ravissent à vous-même, leur rage qui flambe d’ardeur toute mâle, aveugles, amoureux d’instinct. Il n’a pas de sang. Il passe dans la vie, fluide, solitaire et humble, léger comme un petit Amour défiguré sans un sanglot - l’arc brisé -, des pleurs comme des ombres sur son long visage… Quand tous les autres écrasent, déliés, indifférents, heureux de leur jeunesse et fiers de leur beauté, qui gonflent leurs chairs lumineuses comme un grand flot ! bêtes d’amour ! Lui est laid, et tout le blesse : alors il se cache. Le monde l’enterre dans sa danse ; toujours invisible pour celles qui n’ont pas souffert et qui n’ont pas aimé, mais qui dansent aussi, puis arrachent la tête de l’amant. Il n’a jamais été enfant : on ne peut pas le tuer. Il est seul et connait les dieux. Pleins de rêve, ses grands yeux s’allongent ; un œil surtout, celui qui s’entrouvre lorsque je dors. Ciel mobile et méconnu, lourd de songes en cavale, creusés d’angoisse ! Les ombres s’y étirent et se voilent, et laissent à ses sourires d’insondables cicatrices, pâles comme des larmes. Tout chez lui est mince et sensuel, nerveux et souple, pour qui adore les ivresses savantes, pour qui sait attendre et regarder. Alors, il éclot et devient solaire ! follement ombrageux ! Il ne pardonne pas l’amour. Il se déroule et mord comme un chat amaigri, une couleuvre tranquille, ironique animal qu’il faut aimer, et qui n’aimera jamais. 

 

Personne ne sait ses extases, ses transes : il n’est pas beau, mais il est grand. Je sommeille à ses pieds, vaincue; amoureuse inutile de tous ses gestes fatigués, de ses paroles confuses de sacrifié, de ses plaies longues comme des sourires de vierges. J’attends qu’il se laisse traquer.     

  Je ne demandais à ses silences que la sécurité de l’amour vrai. 
 

 

Ses pas inconnus marqueront à jamais ce monde en joie.  

 

Jeudi 5 mai 2011 à 18:16

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PLAIN-CHANT

Je n'aime pas dormir quand ta figure habite,
La nuit, contre mon cou ;
Car je pense à la mort laquelle vient trop vite,
Nous endormir beaucoup.

Je mourrai, tu vivras et c'est ce qui m'éveille!
Est-il une autre peur?
Un jour ne plus entendre auprès de mon oreille
Ton haleine et ton coeur.

Quoi, ce timide oiseau replié par le songe
Déserterait son nid !
Son nid d'où notre corps à deux têtes s'allonge
Par quatre pieds fini.

Puisse durer toujours une si grande joie
Qui cesse le matin,
Et dont l'ange chargé de construire ma voie
Allège mon destin.

Léger, je suis léger sous cette tête lourde
Qui semble de mon bloc,
Et reste en mon abri, muette, aveugle, sourde,
Malgré le chant du coq.

Cette tête coupée, allée en d'autres mondes,
Où règne une autre loi,
Plongeant dans le sommeil des racines profondes,
Loin de moi, près de moi.

Ah ! je voudrais, gardant ton profil sur ma gorge,
Par ta bouche qui dort
Entendre de tes seins la délicate forge
Souffler jusqu'à ma mort.

Jean Cocteau


Mardi 3 mai 2011 à 14:29



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"Les tourterelles se fuyaient:
Plus d'amour, partant plus de joie".

Jean de la Fontaine

 

Chaque geste est une souffrance, et chaque geste fait souffrir. Et tout fait gémir ! Mais si les sourires ne rachètent pas ta peine, que reste-t-il ? J'étais tout amour pour ton âme bridée, aux cernes bistres, cet oeil surtout, comme élargi, agrandi, béant d'un sens inclus qu'il ne partage pas ! Peut-être le souvenir d'un monde ancien, sans passage, qui fulgure bien haut ! Et moi.. cou tendu, nuque déployée vers ce ciel qui se refuse ! En bas des larmes. Mon beau guerrier; laisse les sillons d'argent s'étoiler et courir à ton coeur eneigé, silencieux ! Tout ce qui hurle en toi doit périr par la main allongée en éclats, saisie ! décomposée ! vers ton large coeur insensible encore, à mes sanglots
Assez du grand désert
Assez des fêlures
Assez des vagues griffures qui me déchirent
Et la fatigue des temps heureux  ? Je ne la comprends pas; "l'amour se crée" et ne se communique pas, tout est fragile et j'étais puissante; mais tes fractures d'ange sont inguérissables, on ne soigne pas un nuage. Tu avais raison, c'est comme le sang; un don de l'âme ! Mais attention
Il est si facile de m'éteindre ...

Nous sommes deux plaies mon amour qui jamais ne se rencontrent

Et je danse, je danse, je danse !

Dimanche 24 avril 2011 à 14:02


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FIGARO. Le hasard a mieux fait que nous tous, ma petite. Ainsi va le monde ; on travaille, on projette, on arrange d'un côté ; la fortune accomplit de l'autre : et depuis l'affamé conquérant qui voudrait avaler la terre, jusqu'au paisible aveugle qui se laisse mener par son chien, tous sont le jouet de ses caprices ; encore l'aveugle au chien est-il souvent mieux conduit, moins trompé dans ses vues que l'autre aveugle avec son entourage. - Pour cet aimable aveugle qu'on nomme Amour...
Il la reprend tendrement à bras-le-corps.

Beaumarchais, Le Mariage de Figaro (I,4)


Le temps est venu de fermer les yeux:
Puissante leçon que je tire des jours
L'amour appelle l'amour.

Dimanche 20 février 2011 à 16:27

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"- Qu'êtes-vous donc?
- Une épée au travers de son coeur"
Paul Claudel, Le Soulier de satin


Des nuits après l'autre
Mon amour, je voudrais être la beauté que voilà.
Ne sens-tu pas l'ombre andalouse poindre dans ma caresse ? Souple comme une aile; je la sens qui nous sépare;  toutes les femmes sont en elle et peut-être la Femme, ébauche vivante que caresse seule la main artiste: beau Paon au pur ramage plein d'yeux d'or !

Qu'il furent bons, nos baisers
Mon amour, garde-moi ;
Je serai la beauté que voilà.

Dimanche 13 février 2011 à 18:54

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Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
          Il n'y a pas d'amour heureux

Louis Aragon


Il dit qu'il ne pleurera plus

J'avais les yeux levés
De son épaule chemise ouverte
Bleue blanche un vrai ciel
J'avais les yeux bien ouverts
Pour entendre qu'il ne souffrirait plus
Ni pour elle qui était moi
Ni pour les autres qui viendraient
Cela il ne le disait pas
Il a vu mes yeux plus bas
J'ai senti son coeur las
Moi des larmes j'en avais
Plein mes mains plein ma voix
J'ai plus d'ambition
Ni lettre ni philosophie ni savoir
Je veux m'agripper à ces yeux-là
 En tirer un éclat mais

Il a dit qu'il ne pleurerait pas


Elsa

Dimanche 30 janvier 2011 à 22:12

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Vers à danser


Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin minuit midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble

C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon coeur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble

Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble

Louis Aragon


 


 



 

Dimanche 30 janvier 2011 à 20:51

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Hommage à Aragon







Te rendre ton amour Louis
Moi qui pourtant moi
L'aime comme une autre
Toi tu aimais une autre aussi
Autre Amour pour ce peu de mots
Qui se ressemblent
D'amour Louis
D'amour de souvenirs
Souvenirs
Moi je suis l'autre Elsa
Celle qui te fait vivre de là-bas
Nous sommes des amants - qui se ressemblent







 


 



 

Mercredi 22 décembre 2010 à 22:58



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"Le vent redouble ses efforts,
            Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts. "

-  Jean de La Fontaine, "Le chêne et le roseau",
Fables

Mes mains flambent -
Beaux rayons de sang
Fauves, odorants
Aux doigts qui t'aiment -
De dos, et montent à tes épaules
Minces - (  As-tu mal ? )
Ton dos comme un jeune saule
Au tronc fluide, vrai torse mâle
Penché sous l'onde noire
( Dors-tu? ), mes paumes possèdent ton crâne !

J'ai entre les mains

Un feu bien calme
( Je règne unique sur ta beauté ! )
Couché sous moi comme une femme
Tu es ce soir le plus aimé
A peine entrevu dans la nuit
Couronne brune de ton divin profil - endormi.

Elsa




Peinture; Jihorda-d35egji - deviantart







Vendredi 12 novembre 2010 à 22:17

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Ne fais rien, tu remues trop; même quand tu marches on dirait que tu danses. Dors. Souviens-toi du sommeil quand tu n'existais plus. Toutes les nuits du monde coulent de ton dos - courbé, voûte insondable au ciel d'Egypte - qui se détourne obscurément de moi, mince fresque de chair tiède d'amour, tu ne sentiras rien - bel écrin des Rois... Ces beaux soupirs de peau apaisée soudain fatiguée de mon désir - c'était trop furieux; et moi, je suis ridée comme l'univers, toute gonflée de lumières, j'ai toutes les soifs des êtres d'Enfer!  Rêve. Autour de ton coeur d'autres corps ambrés et radieux - tronçons musqués! - qui balancent leurs bassins d'airain pour fasciner, pour danser, hanches dorées ... Et leurs yeux interminables aux nuances enflammées- tu ne pouvais plus rien, néant mince aux beaux yeux bruns ! Tordu, tué, cassé d'amour... C'est toujours moi qui danse, beau serpent gras et nu, devant ton âme mordue - je t'aime à genoux, petite horloge solitaire - détraquée de baisers !

  Demain,

j'aurai toutes les nuits du monde au fond des yeux,



  Demain,

vois-tu, tu vas sûrement me dire adieu.



Elsa






Vendredi 29 octobre 2010 à 19:42




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- " O toi qui, comme une ombre à la trace éphémère,

Foules d'un pied léger et d'un regard serein
Les stupides mortels qui t'ont jugée amère,
Statue aux yeux de jais, grand ange au front d'airain! "


- Charles Baudelaire, "Je te donne ces vers" in Les Fleurs du mal







Le tas de roseaux verts et blonds
Courbés dans l'oeil de l'ange
Tête tranchée,
- Epaule ouverte !-
D'où les cheveux noirs s'écoulent,
Sombres épées, d'une plaie glacée.
Ce grand regard donne aux coeurs frères
Une intense raison de mourir.

Dans ce monde élargi
- Pure pupille dilatée de vapeurs éclairées! -
Par des sauts d'âme bariolés
Aux queues rêveuses des comètes peintes
Vois le ciel apaisé comme un miroir
qui aurait soudain cessé de penser:
Contemple dans l'eau pâle l'essence
De l'opalescence
Tu n'as rien vu, - "insensée!
Tais là cette sourde mélodie !
Entends mes inflexions déchirées de Là-bas:
Dors maintenant et laisse tes présages
Au rire des Morts".


Mon coeur n'était que ta voix.

Elsa
 

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